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Philippe Djian
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16 décembre 2009

Pas vus, Chirac et ses amis

Différents artistes, après les manifestations anti Front National du 1er mai 2002, ont publié dans la rubrique "Rebonds" de Libération un texte court. Voici celui écrit par Philippe Djian (3 mai 2002).

Pas vus, Chirac et ses amis

"A la veille du premier tour, Jean-Marie Le Pen nous avait promis une surprise et il a tenu parole.
Aujourd'hui, il nous en promet une autre.
En fait, il nous demande de tendre la joue gauche.
En fait, il nous demande bien davantage, mais il y met les formes.
J'espère qu'il plaisante.
Je sais qu'il plaisante. Sortir la France de l'Europe, supprimer les impôts, protéger la race blanche, rétablir la peine de mort...
Nous avons bien ri avec lui.
Surtout quand il parlait du peuple, des petites gens, des laissés-pour-compte qui à l'entendre se prosternaient devant lui, se rassemblaient à ses pieds en frissonnant.
Il a tort de se moquer d'eux. De penser que plus c'est gros et plus ça passe.
C'est mal les connaître. C'est ne rien comprendre à la fierté.
On a plus souvent affaire au pire qu'au meilleur de soi-même. Mais justement. Repousser son double méprisable est une des grandes satisfactions de cette vie. Se regarder tous les matins dans la glace. Trouver en soi quelque chose d'inaltérable.
C'est Jean-Marie Le Pen qui va avoir une surprise.
Comment peut-il penser que nous sommes un pays d'abrutis et d'égoïstes ?
Quant à Jacques Chirac et ses amis, on ne les a pas vus le 1er Mai.
Ces gens-là accumulent les erreurs. On se demande quelles valeurs ils ont à défendre. On attendait d'eux quelque chose qui n'est pas venu.
Très bien. Nous avons compris.
Cette droite-là aussi va avoir une surprise. Trop occupée à savourer sa prochaine victoire, elle reste penchée sur sa petite boutique, triant ses patates et ses machins périmés. Elle est indécrottable. Une fois de plus, elle n'a pas su saisir sa chance.
Tant pis pour elle.
Sa crise de nerfs, à l'occasion des législatives, elle ne l'aura pas volé."

Philippe Djian, écrivain (Libération, vendredi 3 mai 2002)

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