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Philippe Djian
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26 février 2010

"Incidences" : Une pépite signée Djian, par François Busnel

Une pépite signée Djian, par François Busnel

Lire, 03/2010

Une petite bombe ! Voilà ce qu'il faut retenir d'Incidences, nouvelle pépite signée Philippe Djian. Tout y est : le ton, la langue, l'histoire, le suspense... Djian à son meilleur niveau, loin des ratages de la série Doggy Bag (bon, cela dit, on ne va pas lui reprocher ad vitam d'avoir tenté - et raté - son coup), loin d'Impardonnables, d'Impuretés ou même de Frictions, qui étaient déjà de fort convenables romans. Pourquoi ? Parce qu'il ne sort jamais de la zone d'ombre. De l'ambiguïté. De cette affaire de style qui distingue le grand écrivain de l'auteur de livres. Depuis que j'ai refermé ce roman, fébrile, trois autres lecteurs m'en ont parlé : pas un n'a compris l'intrigue de la même manière ! Car Philippe Djian parvient à utiliser les mots pour masquer le sens, suggérer, ne jamais démontrer. Il y a là quelque chose d'envoûtant.

L'histoire, donc. Marc est professeur d'université. Il enseigne l'art de devenir écrivain dans un de ces ateliers d'écriture qui fleurissent un peu partout. Lucide sur le métier comme sur lui-même, il commence par décourager ses étudiants dès le premier cours : pour devenir écrivain, "il fallait un minimum de grâce. On l'avait ou on ne l'avait pas. Lui-même ne l'avait pas". Une prise de conscience qui résonne comme une délivrance et dans laquelle n'entre nulle amertume. Il y a ceux qui enseignent la littérature et ceux qui la font. Marc appartient à la première catégorie. Il vit avec sa soeur dans une sorte de chalet, non loin du campus. Les chaînes qui les unissent sont lourdes, renforcées par le secret d'une tragédie familiale dont on n'apprendra le dénouement qu'à la fin de l'histoire, lorsque Marc aura été trop loin pour s'extirper du piège qui, lentement, se referme sur lui, dont le lecteur ne devinera rien tout en sentant qu'il est inexorable. Marc s'adonne à tout ce qui est interdit : il fume dans les endroits publics, tient tête au crétin qui dirige son département de littérature, couche avec ses étudiantes... Un matin, il retrouve l'une d'elles dans son lit, "sans vie, froide". Que faire du corps ? Ce que nous serions tous tentés de faire (ne serait-ce qu'un éclair de seconde) : le dissimuler. Mauvaise idée... Et formidable point de départ pour un campus novel tenu de main de maître, ponctué de réflexions décapantes sur l'état de la littérature actuelle et au final... explosif.

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