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Philippe Djian
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9 mars 2010

Incidences : "Trouble je", par J. Stern (La Tribune)

Le romancier français Philippe Djian continue de rédiger des romans à l'aide d'un stylo particulièrement acéré. Cette fois, il narre les (més)aventures d'un professeur en prise avec un cadavre dont il s'est débarrassé. Une écriture au couteau.

Avec plus d'une vingtaine de romans, de nombreuses nouvelles, quelques paroles de chansons et plusieurs scénarios, Philippe Djian fait partie du paysage littéraire français, même s'il demeure en marge de la république des lettres. Désormais soixantenaire, il continue de manier la langue avec un soin tout particulier, fait de phrases courtes, de compléments très directs et de mots choisis avec élégance. Ses personnages sont des gens ordinaires, mais à qui la vie quotidienne réserve quelques événements inattendus.

C'est encore le cas dans ces "Incidences" où le héros, Marc, responsable d'un atelier d'écriture retrouve dans son lit, morte, une de ses élèves qu'il avait tout juste draguée. Il fait disparaître le corps dans une grotte des environs où, enfant, il a failli se perdre. Et de reprendre sa vie de tous les jours, entre une soeur trop aimée et des étudiantes trop empressées. Et voilà que surgit la belle-mère de la défunte qui aussitôt séduit Marc, lui qui n'avait jamais connu de telles extases avec ses élèves qu'il ne voulait jamais âgées de plus de 26 ans. Le trouble s'installe, avec en filigrane la disparue, mais aussi un passé sordide fait de sévices et de rebuffades. Le tout dans un décor de grande maison et de forêt dense, que seule la rivalité d'un amoureux de sa soeur vient rendre plus humain, puisque décrit comme le "con absolu". Et comme souvent chez Djian, le livre s'achève par une situation inattendue.

Plus que l'intrigue comme toujours un brin tarabiscotée et à la limite du plausible, c'est par l'écriture que Djian imprime son empreinte à ce roman, lui qui, à tort, est parfois considéré comme un simple suiveur tricolore de la "Beat génération" désormais désuète. Son style incisif et son sens de la description des petits faits quotidiens comme des sentiments ressentis par ses personnages à la limite de la pathologie demeure sa marque de fabrique, reconnaissable dès le premier chapitre. En ce sens, il est un réel écrivain de son temps: ce brillant roman le confirme.

Jérôme Stern, La Tribune, 08/03/2010

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