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Philippe Djian
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9 juin 2011

Philippe Djian, enquête de rédemption (Paris Match, 09/06/11)

 

Philippe-Djian

 

Qui peut oublier l’auteur de « 37°2 le matin » ? Philippe Djian aime décidément le noir, même s’il publie dans la collection Blanche et qu’il a décidé de vivre sous la belle lumière de Biarritz. Avec ce dernier livre, l’écrivain reprend le fil tortueux de l’existence. Et Djian aime mettre des drames dans l’existence de ses personnages. Cette fois, il y va vraiment. L’histoire s’ouvre sur le suicide d’Alexandre. Fils unique. Dès les premières lignes, le ton est donné sans barguigner : « Les plus atteints étaient les plus jeunes, sans nul doute, ceux qui avaient une vingtaine d’années. Environ. Il suffisait de les regarder. Je l’avais réellement compris lors d’une petite réception chez nos voisins, quelques jours avant Noël. Lorsque mon fils de 18 ans, Alexandre, avait médusé, puis terrifié l’assistance en se tirant froidement une balle dans la tête. En s’effondrant sur le buffet. »

Le style Djian, s’il garde une certaine distance, a perdu de sa dureté. Le récit mêle deux voix. La première, intérieure, celle du père, Marc, qui entame une descente aux enfers, et la seconde, extérieure, celle du narrateur, qui nous éclaire sur la situation de Marc. Sans surprise, le couple de parents explose quelques mois plus tard. Elisabeth, l’épouse, « avait tout fait pour le sortir de là, pour le consoler, le réconforter, mais il ne voulait rien écouter. Son fils était mort, il ne pensait qu’à boire, se saouler au plus vite avant que la douleur ne se réveille. » Mais une douleur se réveille toujours. Et rend invivable toute vie, même au ­rabais.

Djian ne perd pas de temps, ni dans son écriture ni dans le mouvement du récit. L’histoire s’installe dès la troisième page lorsque, dans le métro, Marc observe, au bout de la nuit, une toute jeune fille, malade d’alcool autant que d’elle-même. Il ­hésite et finalement lui vient en aide. Marc, ­orphelin de son fils, installe ­Gloria chez lui. (On aimerait savoir comment les écrivains choisissent les prénoms de leurs personnages…) ­Evidemment, quand un homme perdu, d’un âge ­certain accueille une demoiselle chez lui et qu’on ajoute à cela le départ de sa femme, il n’en faut pas plus pour imaginer qu’il « se la tape ». Trop simple. En tout cas pour Philippe Djian. Non, ­Gloria est la dernière petite amie d’Alex. Le scénario peut ­s’enclencher.

L’homme découvre peu à peu des aspects de son fils qu’il ne connaissait pas. Mais ne dévoilons pas davantage ce roman subtil qui n’accumule ni les personnages ni les décors. Juste l’essentiel. L’atmosphère y est parfaitement rendue, comme la ­justesse des sentiments. Le lecteur ne ­devine pas la page suivante. Alors la fin, n’en parlons pas !

 

Valérie Trierweiler, Paris Match, 09/06/11

 

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